Le temps de la création : de l’indicible à l’exprimé
Durant l’acte créateur, le cerveau mobilise des réseaux neuronaux majoritairement implicites. Une étude de Thomas et al. (2011) menée auprès de 30 patients adultes en atelier d’art-thérapie par collage montre que 76 % des participants rapportent une « immersion » avec suspension du langage intérieur, ce que Winnicott nommait « aire transitionnelle » (Winnicott, 1971).
Le silence, loin d’être vide, devient espace d’élaboration tacite. Les thérapeutes formés à l’ethnographie de la séance (Vermersch, 2013), notent que :
- La verbalisation intrusive pendant la création augmente (statistiquement) l’anxiété de performance chez 68 % des sujets novices.
- L’accompagnement par des questions « ouvertes » (“Tu veux dire quelque chose sur ce que tu fais ?”, “Veux-tu me montrer ?”) permet un engagement plus durable que des sollicitations systématiques.
Dans 4 études longitudinales françaises récentes (Zerbib et al., 2018), 61 % des art-thérapeutes disent privilégier une première phase de silence ou de musique, où la verbalisation émerge spontanément, parfois à contretemps, parfois jamais. Le faire précède le dire.