Définitions en clair : deux ancrages, deux finalités
Art-thérapie : une pratique clinique fondée sur le soin psychique
L’art-thérapie se définit comme une « pratique de soin à visée thérapeutique fondée sur l’utilisation de la création artistique, dans un dispositif cadré par un référentiel théorico-clinique spécifique » (Société Française d’Art-Thérapie, 2017). Elle s’adresse à des personnes en souffrance psychique (maladie mentale, trauma, troubles du développement, souffrances existentielles), souvent dans un contexte institutionnel (hôpital, CMP, EHPAD, institution spécialisée). Qu’elle soit individuelle ou groupale, l’art-thérapie vise la transformation du sujet — elle travaille à partir de la matière non verbale, du geste créatif, pour produire du sens, restaurer le sentiment d’unité de soi, soutenir l’élaboration psychique.
- L’art y est envisagé comme médium symbolique : il permet la projection, la transformation, la symbolisation de ce qui reste indicible, informe, douloureux.
- L’espace est thérapeutique : confiance, confidentialité, contrat thérapeutique sont de mise.
- L’art-thérapeute est un clinicien : il a une formation solide en psychopathologie, une expérience en institutions, une connaissance des processus de transfert/contre-transfert.
Quand un adolescent mutique retrouve la capacité de raconter une histoire en modelant l’argile, quand une personne boulimique peint sa rage et peu à peu s’apaise, il s’agit bien de “soin” au sens profond du terme.
Médiation artistique : l’art pour relier, ouvrir, socialiser
La médiation artistique, elle, inscrit l’art dans une démarche d’ouverture, d’accès à la culture, de lien social. Il s’agit de favoriser la rencontre entre des individus ou des groupes (public empêché, seniors, personnes en situation de précarité…), et une pratique artistique : théâtre, musique, arts visuels, écriture. Le processus créatif devient alors vecteur de lien, d’émancipation, d’inclusion. L’objectif n’est pas prioritairement le soin psychique, mais le bien-être, la découverte, la valorisation de l’individu dans un collectif.
- L’art est support d’échange et de participation : il suscite la créativité, renforce l’appartenance, réduit les exclusions.
- Le cadre est semi-structuré : moins hiérarchisé, il s’adapte à des contextes parfois informels (écoles, centres sociaux, structures culturelles).
- L’intervenant peut être artiste-médiateur, éducateur, animateur professionnel, parfois doté d’une spécialisation en psychologie sociale, mais sans nécessaire formation clinique approfondie.
On retrouve la médiation artistique dans des projets culturels participatifs (« Mille et une paroles » en prison, ateliers au Centre Pompidou), dans des dispositifs d’inclusion scolaire ou de prévention (Association Passeurs d’Arts), etc.