Quand le manque devient langage symbolique
Limiter n’est pas qu’une question de budget : le manque fait écho au manque constitutif de l’aventure humaine – la castration freudienne, la Loi, la frustration nécessaire à l’individuation (Lacan, Dolto). En art-thérapie, le manque du matériel rejoue parfois un manque plus ancien, fantasmé ou réel : absence de secours, de mère, d’appui.
Dans le cadre, le thérapeute offre une limite stable, non menaçante, et propose au patient de transformer son sentiment de manque par la création. Cette transformation symbolique n’est pas anodine : le papier trop petit, la couleur absente deviennent autant de métaphores du manque à vivre, à élaborer, à sublimer.
Quelques fonctions symboliques relevées :
- Mise en récit du manque : "Je n’ai pas tout, mais je peux faire avec…" : premier pas vers la résilience.
- Sublimation : Transformer la frustration matérielle en œuvre, c’est déplacer l’angoisse vers le jeu – à la racine de toute élaboration psychique (cf. J. Kristeva, ).
- Travail du cadre interne : Apprendre à apprécier la limite matérielle, c’est souvent déplacer sa propre peur de manquer, peur de déplaire… vers un espace d’action maîtrisé.