Pluriel d’emblée : qu’appelle-t-on « fondement scientifique » en art-thérapie ?
L’expression « bases scientifiques » possède, dans le champ de l’art-thérapie, une polysémie qu’il est fécond de déplier. La recherche d’une validation « scientifique » convoque spontanément la question des preuves d’efficacité, la reproductibilité des effets, la lisibilité des processus engagés. Mais la diversité des écoles d’art-thérapie – psychodynamique, humaniste, systémique, intégrative (Federspiel, 2018) – rend impossible l’application d’un modèle unique validé par la recherche, comme on pourrait le faire pour un médicament.
Ce sont alors plusieurs niveaux de « scientificité » qui s’entrelacent et parfois s’entrechoquent :
- Les études quantitatives contrôlées, qui cherchent à mesurer statistiquement les effets de l’art-thérapie sur une population donnée.
- Les approches qualitatives, issues de la clinique, qui explorent finement la transformation subjective et le vécu des patients.
- La recherche fondamentale (neurosciences, psychologie développementale…), qui tente de saisir ce qui se joue dans le « faire » artistique.
Exiger une démonstration d’efficacité « à l’anglo-saxonne » (par méthode expérimentale randomisée) reviendrait d’ailleurs à méconnaître la spécificité même de la démarche art-thérapeutique. Pourtant, le corpus de travaux disponibles mérite qu’on s’y arrête, d’autant plus que le contexte de soins réclame – à juste titre – des preuves tangibles.